La Française et l’Américaine ont été récompensées pour la mise au point de ciseaux moléculaires permettant d’éditer le génome. La méthode, du nom barbare de « CRISPR-Cas9 », permet d’inciser l’ADN pour en extraire une séquence et la remplacer par une autre. On savait manipuler le génome d’espèces végétales pour faire des OGM, mais la technique ancienne était longue et onéreuse. Elle consistait à utiliser des virus comme vecteurs pour insérer les nouveaux gènes. La nouvelle méthode est bien plus rapide et peu coûteuse, au point qu’elle peut être mise en œuvre dans des laboratoires relativement peu outillés, voir à terme, des laboratoires amateurs. Elle repose sur des protéines identifiées dans le système immunitaire des bactéries. Leur rôle est d’identifier des séquences d’ADN dans une bibliothèque que la bactérie tient à jour et qui inclut des séquences de différents gènes apparus lors d’infections précédentes. Ces protéines peuvent alors reconnaître une nouvelle infection porteuse des mêmes séquences d’ADN, et rechercher les séquences idoines pour les inciser et les éliminer.
Les deux savantes sont parvenues à détourner la fonction de ces protéines, pour exécuter le même type d’incision dans tout autre génome, c’est-à-dire en termes simples, pour réaliser des manipulations génétiques. De là est née cette nouvelle technique, déjà très utilisée aujourd’hui.