Le sens de l’Univers

L’infiniment complexe émerge entre l’infiniment petit et l’infiniment grand

Qu’est ce point lumineux sur le fond de l’image ? Est-ce le Big Bang qui en se dilatant, a créé toute la matière ? Si ce n’est pas la naissance de l’Univers, s’agit-il de sa mort ? Ce centre rayonnant abrite-t-il un gigantesque trou noir en passe d’avaler tout ce qui l’entoure ? Pas impossible car comme nous, le monde a un début et une fin. Il se terminera en trous noirs, la forme la plus dégradée de l’énergie.

Ou bien ce dessin représente-t-il l’Univers dans sa maturité, à mi-chemin entre le chaos du Big Bang chaud et l’ordre mortel du trou noir ? Dans ce cas, nous pouvons y voir une galaxie. Par sa gravité, elle nous attire vers son centre. Les myriades d’étoiles qui la composent sont autant d’ateliers de Vulcain où se forment patiemment tous les éléments chimiques qui font notre monde. Elles naissent et meurent sans cesse, chacune contribuant à enrichir la chimie de l’Univers par sa propre production. Une forme de vie en quelque sorte ou un écosystème.

Cette méduse qui semble se diriger tout droit vers le centre de la galaxie, comme tombant dans un maelström, d’où vient-elle ? De la Terre bien sûr, qui n’est pas représentée ici tant elle est insignifiante au regard du cosmos : un grain de poussière indiscernable. C’est pourtant à la surface de ce petit astre, que la matière est parvenue à une complexité extrême : les cendres d’une ancienne supernova se sont regroupées dans le Système solaire, et en son sein, une planète a été richement dotée en minéraux et en eau. Là est apparue la vie. Complexe la méduse ? Cet être primitif remonte à 650 millions d’années. Pourtant, il n’est pas si élémentaire qu’il n’y paraît. Il est fait des mêmes cellules que les nôtres. Même si les méduses ne disposent pas d’un système nerveux, certaines possèdent des yeux capables de localiser des formes autour d’elles. Le point de départ du règne animal était déjà très sophistiqué.

Comme nous, ce fossile vivant possède son ADN où la combinaison du hasard et de la sélection darwinienne dépose de l’information nouvelle, génération après génération. Cette molécule vient nous rappeler que l’Univers et plus particulièrement la vie, se font par la création d’information. Chez l’Homme, la molécule d’ADN élaborée au cours du temps par le processus darwinien, a atteint des sommets dans la sophistication. Elle est un grand livre écrit en un milliard et demi de caractères dans un alphabet à quatre lettres : l’équivalent de l’information de l’Encyclopedia Britannica, reproduit dans chacune de nos cellules.

L’infiniment complexe (la vie, l’Homme) vient de la rencontre entre l’infiniment grand (les étoiles, les galaxies) et l’infiniment petit (les atomes, les molécules). Ce n’est probablement pas un hasard si l’Homme se trouve au milieu de ces deux extrêmes. Il n’est pas représenté sur cette image, mais sa présence est implicite : l’artiste qui a dessiné cette image, moi-même qui la commente, et vous qui, avec votre propre sensibilité, donnerez une signification à tout cela. Oui, l’Univers à un sens : celui que lui donne chaque homme.