La sélection naturelle

La sélection naturelle découverte par Darwin se résume à un algorithme très simple reposant sur deux mécanismes : le premier crée des objets ou des êtres en série avec des variations à chaque fois. Le second sélectionne les variantes selon un critère donné. Dans le cas des êtres vivants, les variations sont les mutations engendrées au hasard, et le tri se fait en fonction de l’adaptation au milieu. Ce mécanisme redoutable nous a menés des toutes premières protobactéries à l’Homme. Le biologiste R. A. Fisher disait : « La sélection naturelle est un mécanisme pour engendrer l’improbabilité au degré le plus extrême ».

La sélection fabrique de l’information

Imaginez que je vous donne soit un panier de pommes, soit le même panier dans lequel j’ai pris soin de séparer les pommes vertes ou pourries, et les bonnes. Les deux paniers contiennent la même chose, pourtant le second est plus intéressant car le tri a créé une information pertinente.

Un exemple de cela est le tri qui s’opère dans le disque d’accrétion d’une nouvelle étoile. Selon la masse et la volatilité des éléments qui tournent dans ce disque, une sélection se produit. Ainsi, dans le Système solaire, près de l’étoile, on retrouve les planètes telluriques dont la nôtre, plus loin les planètes gazeuses comme Jupiter et, sur des orbites excentriques, les comètes dont certaines ont apporté l’eau des océans sur Terre. Le disque d’accrétion qui a formé notre système planétaire s’est agrégé dans une zone du cosmos où une supernova ancienne avait ensemencé l’espace d’une grande variété d’éléments. Le tri opéré sous l’effet des forces physiques et du hasard à donné la configuration que nous lui connaissons aujourd’hui, avec une planète particulièrement fertile, la Terre.

sélection naturelle

Le tri entre les êtres vivants est beaucoup plus efficace que celui entre les molécules minérales, car il repose sur une boucle de réaction : dans une espèce vivante, chaque variante est confrontée à l’environnement et celui-ci répond de façon simple et implacable, soit par le succès, soit par l’échec. Cette boucle de réaction réalisée sur tous les individus de l’espèce au cours d’une multitude de générations, conduit à l’optimisation de son génome.

Le formation du cerveau chez l’enfant est aussi le résultat d’un tri darwinien. Il s’y forme en permanence une grande quantité de liens entre ses neurones, ce que Jean-Pierre Changeux appelle l’exubérance synaptique. Parmi ces millions de connexions, celles qui sont excitées par des stimuli se renforcent tandis que les autres disparaissent.