Pourquoi Werner Heisenberg n’a pas préparé la bombe atomique pour Hitler ?
Le rôle exact du fondateur de la mécanique quantique pendant la guerre est resté un sujet de controverse. Ce qui est certain, c’est que le savant a dirigé les laboratoires de physique nucléaire allemands sous l’administration nazie. Avant guerre, l’Allemagne a disposé des spécialistes les plus savants en la matière et la réaction en chaîne n’avait aucun secret pour eux.
C’est ce qui a amené Einstein, exilé aux États-Unis, à envoyer en 1939, sa célèbre lettre au président Roosevelt pour l’informer que la science permettait de réaliser une bombe infiniment plus destructrice que les armes conventionnelles.
Les équipes d’Heisenberg étaient restées très avancées malgré l’hémorragie de cerveaux considérable qu’avait provoquée la politique nazie contre la « science juive » et plus généralement contre les milieux intellectuels, qu’ils soient littéraires, scientifiques ou religieux.
Heisenberg a-t-il travaillé à la bombe atomique ?
On a reproché à Heisenberg de l’avoir fait. Il se serait fait doubler par les Américains qui ont disposé de moyens scientifiques, techniques et financiers infiniment supérieurs. Il faut certainement tempérer cette vue des choses. Certes, il est à peu près clair que l’idée de la bombe circulait chez les nazis. On constate par exemple, que dès l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1938, ils ont interdit l’exportation d’uranium, certainement afin de se réserver les importantes ressources minières existant dans ce pays.
Pourtant, il est loin d’être certain qu’Heisenberg ait œuvré pour la bombe atomique. D’abord, il faut rappeler qu’en 1937, il a été accusé publiquement de « faire de la physique juive ». Réhabilité en 1942, il a pris la direction de l’Institut de Physique Kaiser-Wilhelm, mais il semble que ses travaux se soient restreints aux applications civiles.
Des documents retrouvés récemment semblent le dédouaner
En effet, la recherche sur la réaction en chaîne est très différente selon qu’on s’intéresse à une réaction « contrôlée » pour des usages civils, ou bien à une réaction « explosive », la plus destructrice possible. Selon la voie dans laquelle on s’engage, on ne mène pas le même type de recherches, notamment en ce qui concerne la section efficace des forces nucléaires.
Or, des documents retrouvés récemment, montrent que les recherches nazies se sont focalisées sur les applications civiles. Il semblerait donc qu’Heisenberg soit parvenu à diriger les travaux dans ce sens, probablement avec la complicité de ses collaborateurs.
Quoi qu’il en soit, le plus extraordinaire est que les nazis aient disposé à la fin des années 30, des plus grands savoirs pour construire une bombe atomique, et que leurs propres menées racistes contre la « science juive » les aient privés de cet atout.
